Mon temps dédié au bénévolat, au coaching , à la recherche de vérité, à la Bretagne… autant de prétextes pour illustrer ma vocation : un processus à l’œuvre plus qu’une finalité.
Quelle partie de moi s’active quand j’œuvre ?
Pourquoi le service désintéressé du bénévole est-il propice au changement social ?
Qu’est ce qui est juste, qui sont les justes ?
Qui j’aide quand j’aide ?
Autant de questions qui se posent et qui posent l’engagement du bénévole en tant qu’acteur de changement social, bâtisseur du nouveau monde tel qu’il le voit, l’envisage et le construit.
Le benevolus coaching* s’adresse aux coopérateurs de ce nouveau paradigme ( la coopération de son étymologie latine opus signifiant œuvre ), celles et ceux qui ne font pas un sans les autres, pour qui l’œuvre est la force d’un tout.
Alors que je fais du bénévolat comme on dit vulgairement, ce qui est mobilisé alors ; c’est mon identité , la capacité de mon cerveau à assimiler, sa plasticité à s’accommoder aux changements utiles pour me réaliser dans l’action.
Mais quelle est cette chose que je cherche et que je ne connais pas ? Comment devenir le changement que je veux pour le monde. Gandhi nous le recommande : “Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ! Le bonheur, c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles. Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir.“
Ou encore comment devenir ce que je suis déjà ? Rappelant à nos illustres souvenirs la maxime -devenue slogan- de Nietzsche le philosophe et Pindare, le poète lyrique grec du Ve siècle avant Jésus-Christ… « Deviens ce que tu es ». Le succès de ces deux notions ici convoquées, de l’être et du devenir -au premier abord incompatibles- nous invite dans la danse réconciliante de l’introspection et du changement de façon irrésistible.
Tout un programme me direz-vous ? Et pourtant si banal aujourd’hui.
Mais de grâce, d’où me vient ce besoin de servir qui me lève le matin, qui me fait oublier les factures à payer, les lois exigeantes du marché, les dimanches apathiques ?
J’ai depuis de longues années d’études et de contemplation questionné le besoin de solidarité, comme en germination permanente en moi, qui agit sans me demander si je suis d’accord, si c’est utile, si ça rapporte, ou à quoi ça sert… J’en suis venue à me dire que je ne connais pas forcément ce qui est juste et que c’est bel et bien l’action concrète qui embrassera ma conviction et qui répondra et en jugera, alors même que je prête l’oreille et que j’écoute patiemment ce que l’avenir a à me confier.
Mais qui j’aide quand j’aide ? Je suis tellement persuadée que j’aide de façon transitive, objective, et que pour cela, j’ai besoin d’un autre et que cet autre a besoin de mon aide…Mes ami(e)s me l’ont souvent rappelé, “Anne ne te perd pas de vue, pense à toi ?”
La recommandation reste entière surtout quand elle vous arrive de personnes que vous aimez et en qui vous avez confiance.
Mais de qui parle-t’ils? De quoi ai-je besoin dont je ne suis pas déjà pourvue ? Il ne me manque rien. Ou plutôt que me manque-t’il que j’ignore, qu’est ce que je cherche à ce point que m’échappe le but ? Que voient-ils mes cher(e)s ami(e)s qui m’aveugle autant ?
C’est à moi, et à vous aussi de le découvrir par l’apanage du bénévolat, de lever le voile de la bonne volonté, cette zone aveugle, ce processus qui nous emmène par-delà le discernement.
Force est de constater – et quelle bonne nouvelle ! – que mon bonheur ambiant siège quelque part dans les hauteurs de mon être, à ce point culminant qui m’échappe et que la seule perspective de ce sommet visiblement inaccessible me comble de réjouissance.
Alors le chemin me passionne, et le chemin dont je parle c’est le service désintéressé du bénévolat, ce que les membres d’How Lucky We Are, (association caritative co -fondée en 2017 par mes amis et moi) appellent Le Lucky Helping, littéralement la chance d’aider dans le sens de servir les personnes a priori plus démunies que soi-même.
Et la deuxième bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas meilleure action que celle-là même désintéressée des tourments de l’existence ; du rationalisme de l’homo economicus, de la rentabilité pour survivre, de l’égocentrisme pour se situer, de la compétitivité pour gagner, de la reconnaissance pour briller en plein cynisme, et autres artefacts…
Ce week-end, caparaçonnée de mon équipement de maraudeuse ; un sac à dos rouge lourd de sens, un sac shopping en osier plombé par une assiette de crêpes, encerclés de sucres , de confitures maison, et d’une thermos de rooibos Jardins de Gaïa, je rejoins mon amie Maryse, jeune de 74 années, rayonnante de son âme d’enfant à l’occasion d’une manucure urbaine (ce qui est appelé communément chez HLWA les LuckyFingers). Je l’embrasse chaleureusement, nourrie de la joie de nos retrouvailles, sors mon matériel, m’assois à ses côtés. Eau chaude, huiles essentielles, crème riche occupent nos doigts et joignent nos mains. Trois heures fusent comme des secondes, le temps disparaît et rend à l’instant la magie de l’éternité, un moment dénué de passé comme d’avenir, un moment tout court.
La tâche se fait oublier au profit de l’œuvre, et la chaire disparaît pour l’être.
Je remballe mon matériel et j’emmène avec moi le clic du coupe-ongle et les fragrances cosmétiques. Je me réachemine vers les bouches obscures du métro dans une joie extrême et silencieuse à l’abri des nuisances.
Je rêvasse et son sourire me traverse au point de se lire sur mes lèvres muettes. Celui des passants aussi, des Lucky Helpers (bénévoles dans le jargon d’HLWA), me reviennent ; ces sourires comblés, pacifiques et non conformes à la limite de l’insolite. Ces sourires informels ne font qu’un dans l’infini présent et c’est, de cette ressource inestimable qu’on appelle communément le bénévolat, qu’irradiera tout ce qui s’en suivra…
À vous de trouver votre voix, Benevolus Coaching est né de là.